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C’est là, haletante, alarmée,
Suivant le pas hâtif de Guy de Lusignan,
Que l’héroïque et folle armée
Tomba dans le cercle sanglant !

Saladin les reçut, épuisés, sous sa tente,
Sa magnifique tente aux glands chamarrés d’or ;
Puis, ayant étanché leur soif brûlante,
Ils moururent, les yeux fixés sur le Thabor !

Ils ont bu les braves soldats de France !
Cela consolera leurs mères désolées ;
Mais une âme parmi ces âmes isolées
Portera dans son cœur une éternelle lance !

Qu’as-tu donc fait, Renaud, Renaud de Châtillon,
Pour qu’au moment de boire, à tes lèvres la coupe,
Saladin t’ait tranché le souffle, avant ta troupe,
Sans te permettre de goûter à l’eau d’Hermon ?

Le sol couvert de fleurs aux couleurs printanières
Fut arrosé du sang des beaux guerriers Français,
Et ce pur sang coula jusqu’aux heures dernières
Du jour, liquide ardent, généreux à l’excès !