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Parfois nous nous battions bien fort,
Et tu mordais ma main osée
Qui touchait ta ceinture d’or
Sur ton cher berceau déposée ;
Et moi je mordais à mon tour
Ton doigt, ta main, ton bras, ta joue,
Et tu te sentais bien, avoue !
Essoufflé de ma rude cour.

Alors, conciliant comme un homme,
Ton bras s’étendait, appelant ;
Et tu saisissais mon corps, comme
Une mère apaise un enfant ;
Tu suçais ma lèvre sévère,
Et moi sur le bout de ton nez
Je posais mes doigts consternés
D’avoir ainsi blessé mon frère.

Puis vint un bout jour de printemps
Mais son rayon semblait livide,
Et depuis déjà bien longtemps
Je pleurais sur le berceau vide
Quand, craintive, j’ai vu s’ouvrir
Un étrange écrin blanc et rose
Où l’on a couché quelque chose…
Et les échos semblaient gémir !