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À tâtons, tes doigts desséchés
(Tes doigts fins jadis, doigts de femme,
Remplis de vie et de douce âme…)
Ont caressé les nœuds cherchés…

Et tu croyais toucher la corde
De ton adorable instrument,
Mais tu tombas éperdûment
Après ton pitoyable exorde…

Fantôme, à ton cercueil ! couche-toi, couche-toi !
Abrite ton squelette, ô fantôme, il fait froid !
Rêve les yeux fermés dans leur cave hideuse,
Songe à tes jours passés, à ta nuit ténébreuse ;
La terre n’a plus de lieu pour te recevoir,
Et l’œil humain, craintif, ne veut plus t’entrevoir.
Ta place n’est donc pas dans nos riantes villes,
Ni dans les verts bosquets où, toi, tu te faufiles :
Tes os n’ont plus leur chair, ton œil n’a plus de larmes,
Ton âme plus d’élans, ton esprit plus d’alarmes ;
Or, il faut tout cela pour se compter vivant,
Il faut rire et pleurer, craindre la nuit, le vent.
La lumière est trop claire à tes yeux tout pleins d’ombre ;
Retourne à ta tombe, à ton séjour vide et sombre,
Et quelque indifférent que tu sois, crains le froid
Et la lumière humaine où je vis loin de toi !