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Je regarde cette couronne de fleurs, suspendue à mon chevet depuis la dernière fête… ses roses étaient toutes fraîches et ses feuilles étaient si vertes et si tendres !

Aujourd’hui, les unes et les autres sont mortes. Les roses penchent tristement leurs corolles sans âme et sans parfum sur leurs tiges chancelantes…

Cela fait pitié à voir…

Oh ! qu’il est douloureux de devenir sec après avoir été tendre, vieux après avoir été jeune !

Et si un fil de fer n’enchaînait les pauvres fleurettes pour en former une couronne, elles tomberaient à terre une à une et pétale par pétale… on marcherait dessus sans se douter qu’on foule des roses… Que l’humiliation est triste après l’orgueil !

Oh ! monde, est-ce là le terme qui attend tes fleurs ? pourquoi cette fin lamentable ?

Pourquoi la haine, la douleur, la vieillesse, la mort existent-elles ? Pourquoi faut-il que nous nous disions toujours : un jour, et ce jour arrivera, je ne serai plus belle et jeune, un jour je mourrai, je mourrai !

Couronne suspendue à mon chevet, tu ressembles à ces couronnes funèbres attachées au cou des statues de douleur qui pleurent sur les tombes des trépassés !