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NOTICE SUR SOLNESS

nous voyons se précipiter ses effets, sans que rien puisse les enrayer. Il ne nous reste qu’à constater l’impuissance des tentatives faites dans ce but, au nom de la raison ou de la morale, la vanité des influences étrangères et des résistances du cœur.

Ainsi que Solness ne peut échapper aux « serres » de Hilde, le poète ne se dérobe pas à son génie, ni le siècle à l’esprit qui le mène. Car Hilde, on l’a compris, personnifie la puissance fatale, irrésistible, torturante de l’inspiration, quelquefois généreuse et naïve comme un enfant, quelquefois subversive et folle. Au fond, elle n’a d’autre fonction que de se satisfaire elle-même. Le personnage de Hilde incarne ce qu’il y a, dans l’âme d’Ibsen, de hardi et de jeune. Il l’a tiré, pour ainsi dire, de sa propre substance. À la faveur de ce dédoublement, il a vu clairement tout le danger qu’un tel élément fait courir à son intelli-