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NOTICE SUR SOLNESS

saurait nier, en tout cas, c’est que ce procédé, qu’on dirait emprunté aux pratiques de l’hypnotisme, est nouveau, hardi et d’un intérêt passionnant.

Il est certain, maintenant, que le langage usuel ne suffit pas à une âme qui veut se dévoiler dans toute sa complexe vérité. Je n’ai pas besoin d’insister sur l’impossibilité où nous sommes d’expliquer clairement, par la parole, ce que nous pensons, ce que nous sentons, ce que nous sommes. Il faut d’autres moyens pour communiquer son état d’âme à son entourage. Il faut lui suggérer ses propres idées, et cette suggestion ne peut s’exercer que sur des imaginations qu’on arrache au milieu dans lequel elles vivent, pour les transporter dans un milieu tout différent, dans son milieu à soi.

Ibsen vit dans le rêve ; il nous transportera donc dans le rêve. Dans sa tête de dramaturge les idées se revêtent d’images,