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SOLNESS

Voilà ce qu’on appelle avoir de la chance. Eh bien ! je vais vous dire ce qu’on ressent quand on la possède, cette chance. C’est comme si on avait là, sur la poitrine, une plaie vive. Et les aides, les serviteurs, vont coupant des morceaux de peau à d’autres hommes pour les greffer sur cette plaie. Mais la plaie ne guérit pas. Jamais.... jamais ! Ah ! si vous saviez comme elle peut cuire et faire mal par moment.

HILDE, le regardant attentivement.

Vous êtes malade, monsieur Solness, très malade.

SOLNESS

Dites fou. C’est ce que vous pensez.

HILDE

Non, je ne crois pas que vous ayez l’esprit dérangé.

SOLNESS

Qu’ai-je donc ? Voyons, dites !

HILDE

Qui sait si vous n’êtes pas venu au monde avec une conscience débile.