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À OSTRAAT

les légendes et les chansons héroïques vous ressemblaient. Je croyais que notre Seigneur Dieu lui-même avait marqué votre front et vous avait désignée pour guider les faibles et les craintifs.

Dans la salle des chevaliers, les gentilshommes et les dames chantaient vos louanges et même le peuple, de près comme de loin, vous nommait l’espoir et l’appui du pays.

Tous pensaient que par vous reviendraient des temps heureux ; que par vous allait naître un nouveau jour.

Mais il fait nuit encore et je ne sais plus si je dois espérer que l’aube va poindre enfin grâce à vous.

madame inger

Il est facile de deviner où tu as appris ces paroles venimeuses.

Tu as entendu ce que le peuple ignorant murmure sur des choses qu’il ne saurait comprendre.

eline

La vérité se trouve sur les lèvres du paysan disiez-vous, quand le peuple chantait vos louanges.

madame inger

Soit ! Si j’ai choisi l’inaction alors que j’aurais pu agir, ne crois-tu pas que ce rôle me pèse assez, sans que tu aies besoin de le faire plus lourd en me jetant des pierres ?