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pieds de son maître et tenir de sa main un peu de pain. Ainsi je suis fière, moi, de me mettre à tes pieds pendant que tes paroles et tes regards me nourrissent du pain de vie, et voilà : Je te répète ce que tout à l’heure je disais à ma mère, pour pouvoir vivre il me faut conserver mon amour ; il sera désormais ma fierté, et pour toujours !

nils lykke
(En la retenant et l’asseyant sur ses genoux).

Non, non, pas à mes pieds, mais à mon côté, ta place sera toujours là, aussi haut que me placera le destin.

Oui, Eline, tu m’as mené sur la bonne route et si jamais par quelque acte glorieux, il m’est donné de payer ce que, dans ma folle jeunesse, j’ai fait de mal, l’honneur t’en reviendra.

eline

Oh ! tu me parles comme si j’étais encore Eline.

Dans mes livres j’ai lu qu’au son de la trompette, le chevalier va dans les forêts le faucon sur le poing ; tel aussi, toi, tu te diriges dans la vie et ton nom retentit partout annonçant ton arrivée. Tout ce que je réclame c’est, comme le faucon, de reposer sur ton bras. Comme le faucon, j’étais aveugle, pour la vie et la lumière, jusqu’au moment où tu enlevas le bandeau de mes yeux et me laissas m’envoler dans les arbres vers le ciel ; mais, crois-moi ! si courageusement je tends mes ailes, toujours je retournerai à ma cage.