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MADAME INGER

madame inger

Caché sous l’habit d’un laquais, il a vécu tout un hiver sous mon toit. Cet hiver, je pensais moins à la destinée de la patrie. Jamais je n’avais vu un plus noble Seigneur. Et j’avais vingt-cinq ans.

Sten Sture revint près de moi, l’automne suivant et quand il repartit secrètement il emportait avec lui un enfant qui venait de naître.

Ce n’est pas le scandale que je craignais, mais il eut été préjudiciable à la cause de faire connaître mon intimité avec Sten Sture.

L’enfant fut placé chez Peder Kanzler et, vainement, j’attendis des temps plus propices. Deux ans après, Sten Sture se mariait en Suède, puis mourait en laissant une veuve.

olaf skaktavl

Et un fils, héritier légitime de son nom et de ses droits.

madame inger

Que de fois j’écrivis à Peder Kanzler pour le supplier de me rendre mon enfant. Toujours il refusa.

« Donnez-nous des gages inviolables d’alliance », répondait-il, et j’enverrai votre fils en Norvège, mais pas avant.

Mais, comment aurais-je osé agir de la sorte ? Nous autres mécontents étions déjà suspects à nombre de timorés de ce pays. Et, s’ils avaient appris mon secret, pour dompter la mère ils n’auraient