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À OSTRAAT

madame inger

Écoutez-moi, M. le Conseiller d’Etat. Il faut que vous sachiez tout.

Vous aussi, mon vieux et fidèle ami !

Vous avez rappelé à ma mémoire le jour funeste ou Knut Asson fut massacré à Oslo. Vous m’avez rappelé le serment que j’ai prononcé près du corps devant les plus braves soldats de la Norvège.

Alors, c’est à peine si j’étais femme, mais en moi je sentais une force divine et je pensais, ce que beaucoup ont cru plus tard, que j’étais l’élue de Dieu qui m’avait choisie pour délivrer la patrie. Était-ce orgueil ou conscience de ma mission, jamais je n’ai pu m’en assurer. Mais malheur à celui qui se donne à une œuvre semblable.

Sept années je fus fidèle à mon serment. Tous les malheurs toutes les douleurs de mes compatriotes, je les ai partagés. Déjà toutes mes amies d’enfance étaient mariées, alors que je n’avais consenti à écouter aucun amant. Vous le savez mieux que personne, Olaf Skaktavl.

C’est alors que je vis Sten Sture, le plus beau gentilhomme que j’eusse rencontré.

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En effet ! À cette époque Sten Sture parcourait secrètement la Norvège et l’on voulait nous laisser ignorer en Danemark qu’il avait des intelligences avec vous.