a grandi d’année en année. Betty est indulgente et douce ; elle s’est, avec le temps, pliée à mes idées…
LONA. — Hum !
BERNICK. — Autrefois elle avait sur l’amour des idées fort exagérées. Elle ne pouvait admettre la pensée que les plus brûlantes ardeurs se transformaient avec l’âge en douce amitié.
LONA. — Elle est résignée maintenant ?
BERNICK. — Oui, tu dois bien penser que dans ma fréquentation continuelle, elle s’est peu à peu développée. Il faut marcher d’accord dans la vie si l’on veut y tenir dignement sa place. Betty l’a compris, et c’est pourquoi notre maison est aujourd’hui une maison modèle.
LONA. — Mais, dans la ville, ne sait-on rien de tes mensonges ?
BERNICK. — De mes mensonges ?
LONA. — Oui, de tes mensonges, d’il y a quinze ans ?
BERNICK. — Tu appelles cela ?…
LONA. — Des mensonges, de triples mensonges ; mensonges envers moi, mensonges envers Betty, mensonges envers Johann.
BERNICK. — Betty ne m’a jamais interrogé là-dessus.
LONA. — Elle ne soupçonnait rien.
BERNICK. — Et par considération pour elle tu n’exigeras pas que je lui dise…
LONA. — Oh ! moi, j’ai les reins assez solides pour supporter les railleries.
BERNICK. — Johann ne l’exige pas non plus, il me l’a promis.
LONA. — Mais, Richard, toi-même ne penses-tu jamais que tu devrais confesser ce mensonge ?