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LES SOUTIENS DE LA SOCIÉTÉ

passer ici. Nous avons fait, ce matin, la plus délicieuse promenade du monde. Qui aurait cru que cette petite Dina qui jouait à nos côtés autrefois et remplissait les rôles d’ange au théâtre ?… Mais, dis-moi, que sont devenus ses parents ?…

BERNICK. — Mon cher, je ne puis t’en dire rien de plus que ce que je t’ai écrit immédiatement après ton départ. Tu as reçu mes deux lettres ?

JOHANN. — Sans doute, je les ai encore. Son ivrogne de mari l’a aussi abandonnée.

BERNICK. — Oui ; après quoi il s’est cassé les reins, je ne sais où.

JOHANN. — Elle est morte peu de temps après, n’est-ce pas ? Je suppose que tu as fait pour elle tout ce qu’il était possible de faire sans éveiller l’attention des gens.

BERNICK. — Elle était fière, elle n’a rien dit et n’a rien voulu recevoir.

JOHANN. — Dans tous les cas c’est très bien d’avoir pris Dina chez toi.

BERNICK. — Oui, oui. Du reste, c’est Martha qui a tout arrangé.

JOHANN. — Martha ? Est-ce vrai ?… Où est-elle aujourd’hui ?

BERNICK. — Oh !… quand elle n’est pas à son école, elle soigne les malades.

JOHANN. — Ainsi Martha s’est chargée d’elle ?

BERNICK. — Oui ; elle a toujours eu un faible pour les enfants. C’est pour cela qu’elle a accepté d’être institutrice à l’école communale. Ça été une grande folie de sa part.