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THÉATRE

à coudre des linges blancs ; il n’y a aucun deuil, j’espère, dans la famille.

RORLUND. — Mademoiselle, vous vous trouvez au milieu d’une société de bienfaisance, destinée à combattre la corruption.

MADEMOISELLE LONA (à demi voix). — Que dites-vous ? Ces belles dames seraient ?

MADAME RUMMEL. — Oh ! Non ! Non ! En vérité !…

MADEMOISELLE LONA. — Ah ! Je comprends ! Je comprends ! Mais voilà madame Rummel ! Et voilà Mme Holt ! Hé bien, nous n’avons pas rajeuni toutes les trois depuis la dernière fois que nous nous sommes vues. Maintenant, mes chères amies, laissez la corruption attendre un jour, elle n’en sera pas pire. Un moment aussi heureux que celui-ci doit…

RORLUND. — Le moment du retour n’est pas toujours un moment heureux.

MADEMOISELLE LONA. — Non ? Alors comment comprenez-vous votre Bible, monsieur le pasteur ?

RORLUND. — Je ne suis pas pasteur.

MADEMOISELLE LONA. — Hé bien ! Vous le serez certainement un jour. Mais fi ! fi ! Toute cette moralité sent la pourriture, comme les draps d’enterrement. Je suis habituée à un air plus frais.

BERNICK (s’épongeant le front). — Il fait effectivement un peu chaud ici.

MADEMOISELLE LONA. — Attendez ! Attendez ! Il faut changer cette atmosphère sépulcrale. (Elle relève les rideaux.) Il faut qu’un beau soleil entre ici quand la frérot viendra. Vous allez le voir à l’instant.

HILMAR. — Oh ! Oh !