MADAME HOLT. — Il faut que vous sachiez que les Tonnesen étaient orphelins.
MADAME RUMMEL. — Voilà que Lona Hessel se lève et qu’elle donne au beau Richard Bernick un soufflet tel qu’il en a vu trente-six chandelles.
MADAME LYNGE. — A-t-on idée de choses pareilles ?
MADAME HOLT. — C’est ainsi.
MADAME RUMMEL. — C’est après cela qu’elle a bouclé ses malles et qu’elle est partie pour l’Amérique.
MADAME LYNGE. — Elle avait donc des prétentions sur lui ?
MADAME RUMMEL. — Vous pouvez bien penser. Elle se figurait qu’il l’épouserait dès son retour de Paris,
MADAME HOLT. — Peut-on concevoir semblable audace ? Bernick, l’élégant homme du monde, le cavalier accompli, le favori de toutes les dames…
MADAME RUMMEL. — Et si convenable avec cela, si moral !
MADAME LYNGE. — Qu’est devenue cette demoiselle Hessel en Amérique ?
MADAME RUMMEL. — Oh ! là-dessus, comme le dit si bien mon mari, flotte un voile qu’il est difficile de soulever.
MADAME LYNGE. — Comment cela ?
MADAME RUMMEL. — Elle a cessé tous rapports avec sa famille. Ce que toute la ville sait, par exemple, c’est qu’elle a chanté pour de l’argent dans des cafés.
MADAME HOLT. — Et qu’elle a fait des conférences dans des salles publiques.
MADAME RUMMEL. — Et qu’elle a publié un livre qui est tout à fait fou.