Page:Ibsen - Les Soutiens de la société, L’Union des jeunes, trad. Bertrand et Nevers, 1902.djvu/317

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
305
L’UNION DES JEUNES

bratsberg. — Non, continue, pas de lâcheté, n’abandonne pas ta carrière, je vais moi-même devenir ton associé. (A haute voix.) Savez-vous la nouvelle, messieurs : je m’associe avec mon fils.

plusieurs invités. — Comment, vous, monsieur le chambellan !

hejre. — Toi, mon très cher !

bratsberg. — Oui, c’est un commerce honnête et fructueux ; il peut le devenir du moins. Je n’ai plus aucune raison pour m’en abstenir.

lundestad. — Monsieur le chambellan, si vous voulez vous mêler à la vie active du district, ce serait honteux et ridicule de la part d’un vieux routier comme moi de ne pas faire aussi son devoir.

erik. — Vous, vraiment ?

lundestad. — Oui, moi, après les déconvenues amoureuses qu’a essuyées aujourd’hui l’avocat Stensgard, Dieu me garde de forcer le pauvre garçon à s’occuper des affaires publiques. Il faut qu’il se remette ; il devrait voyager, je l’y aiderai. Donc, mes chers concitoyens, si vous avez besoin de moi, me voici !

plusieurs citoyens (lui serrant la main avec émotion). — Merci, Lundestad. Vous êtes toujours le même vieux Lundestad ! Vous ne bronchez pas !

bratsberg. — Hé bien, tout est pour le mieux et tout va rentrer dans l’ordre. Mais qui est en somme la cause de tout cela ?

fieldbo. — Voici Aslaksen qui y est pour sa part.

aslaksen (effrayé). — Moi, monsieur le docteur, je suis aussi innocent que l’enfant qui vient de naître.

fieldbo. — Mais la lettre que…