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L’UNION DES JEUNES

peignait ses cheveux d’or devant la fenêtre ouverte. Elle avait l’air d’une sirène, avec votre permission. Ah ! c’est une maîtresse femme !

stensgard. — Bon, et puis ?

hejre. — Et puis elle riait comme une possédée, très char. Elle m’a montré une lettre et m’a crié : « C’est une demande en mariage, monsieur Hejre. Je me suis fiancée hier. »

stensgard. — Fiancée ?

hejre. — Mes souhaits sincères de bonheur, jeune homme. Je me réjouis infiniment d’être le premier à vous apprendre la bonne nouvelle.

stensgard. — Ce n’étaient que des propos en l’air.

hejre. — Qu’est-ce qui n’était que propos en l’air ?

stensgard. — Vous avez mal compris ; ou c’est elle-même qui a mal compris. Fiancée ! êtes-vous fou ? Maintenant que Monsen est ruiné, elle va probablement aussi…

hejre. — Mais non, très cher, madame Rundholmen est solide.

stensgard. — N’importe ! j’ai de tout autres projets. Cette lettre n’était qu’une plaisanterie, cher monsieur Hejre ; faites-moi le plaisir de ne raconter à personne cette sotte histoire.

hejre. — Compris, compris : on se taira. Voilà ce qu’on appelle du roman. Ah ! cette jeunesse est si poétique ! Oui, oui, pas un mot ; je vous revaudrai cela dans vos procès : chut ! je plaiderai pour vous

bratsberg (Il causait depuis un instant avec Lundestad). — Non, Lundestad, je ne peux pas le croire ; c’est impossible.