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L’UNION DES JEUNES

stensgard. — Est-ce possible ? A coup sûr, Monsen ne voudrait pas…

hejre. — Monsen ? Il ne comprend rien à ses affaires, encore moins comprend-t-il celles des autres. Mais il faut, monsieur Stensgard, que cela ait une fin ; il faut que la conscience publique reçoive satisfaction. Le plus drôle, c’est que Monsen entraîne dans sa culbute le jeune Bratsberg, et que Bratsberg, le commerçant, entraîne à son tour Bratsberg, le chambellan.

stensgard. — Oui, c’est ce que disait tout à l’heure

hejre. — Naturellement, les banqueroutes s’enchaînent les unes aux autres. Retenez bien ceci, car je suis prophète : Monsen ira au bagne, le jeune Bratsberg obtiendra un arrangement et le vieux Bratsberg sera mis en tutelle. Je veux dire par là que ses créanciers lui feront, sa vie durant, une pension de quelques milliers de thalers. Ça finit toujours ainsi, monsieur Stensgard, je suis fixé. Comme dit le proverbe latin : « Fiat justitia, pereat mundus ! » Traduction : « Quelle singulière justice règne dans ce monde corrompu ! »

stensgard (très agité). — Deux chemins qui se ferment devant moi !

hejre. — Hein ?

stensgard. — Et juste maintenant !… maintenant !


Scène X

STENSGARD, HEJRE, ASLAKSEN

aslaksen. — Mes félicitations ! mes félicitations, monsieur l’élu !