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L’UNION DES JEUNES

stensgard. — Mais que va-t-il advenir de votre désistement ?

lundestad. — Je ne puis malheureusement pas le maintenir. Croyez-vous que j’exigerais de vous un si cruel sacrifice de cœur ?

stensgard. — Oh ! je le ferai ce sacrifice ! Je vous montrerai que j’en ai la force. Il y a là toute une ville anxieuse qui m’attend. Les citoyens me demandent comme dans une plainte étouffée. Comment pourrais-je refuser ?

lundestad. — Bien, mais la propriété foncière ?

stensgard. — Je saurai à cet égard remplir les vœux de mes concitoyens, monsieur Lundeslad ? J’aperçois une issue nouvelle et je la prends. Je renonce à mon bonheur, j’en fais silencieusement le sacrifice pour travailler au bonheur de ceux que j’aime. Je dis à mon peuple : me voici ! dispose de moi.

lundestad (Il le regarde plein d’une admiration muette et lui serre la main). — Réellement, vous êtes-un homme très supérieur, monsieur Stensgard.

(Il sort. Stensgard se promène de long en large, puis s’arrête à la fenêtre et s’arrache les cheveux. Un instant après arrive Bastian.)

Scène VI

STENSGARD, BASTIAN

bastian. — Me voilà.

stensgard. — D’où viens-tu ?

bastian. — De la nation.