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L’UNION DES JEUNES

nairement les plus sûres ; ce sont celles-là qu’on paie les premières.

stensgard. — Enfin, que pensez-vous de celle-ci ? n’est-elle pas fausse ?

lundestad. — Je crains qu’il n’y en ait plusieurs du même type, monsieur Stensgard.

stensgard. — Comment ? Il n’est cependant pas admissible que…

lundestad. — Si le jeune Bratsberg fait le saut, ceux qui se trouvent près de lui le feront aussi.

stensgard (lui prenant le bras). — Que voulez-vous dire par là : « Ceux qui se trouvent près de lui ? »

lundestad. — Peut-on se tenir de plus près que père et fils ?

stensgard. — Mais, mon Dieu…

lundestad. — Mettons que je n’ai rien dit, et n’oubliez pas que c’est Daniel Hejre qui a parlé le premier de ruine et de banqueroute.

stensgard. — Cela me fait l’effet d’un coup de foudre.

lundestad. — Oh, cela arrive souvent aux gens les plus honnêtes et les mieux intentionnés. Un homme est trop bon, il se porte caution pour d’autres et lorsqu’arrive le moment de payer, l’argent manque, les propriétés sont mises aux enchères et vendues pour une bagatelle.

stensgard. — Et naturellement… les enfants aussi… sont atteints… ?

lundestad. — Oui, ça me fait réellement de la peine pour la jeune fille, car elle a fort peu de chose de sa mère, si même on peut sauver ce peu de chose.