fieldbo. — Dans tous les cas, tu ferais bien de différer ta visite. C’est demain la fête du chambellan et il y aura beaucoup de monde.
stensgard. — Précisément, plus il y aura de monde, mieux ça m’ira. J’ai tous les atouts dans ma main.
fieldbo. — Tu l’as peut-être laissé voir ?
stensgard. — Comment cela ?
fieldbo. — Je veux dire que tu as agrémenté tes déclarations amoureuses de quelques petites menaces.
stensgard. — Fieldbo, tu as lu ma lettre ?
fieldbo. — Non, je t’assure.
stensgard. — Eh bien, c’est vrai. Je l’ai menacé.
fieldbo. — Dans ce cas, j’ai peut-être une réponse à te communiquer.
stensgard. — Une réponse ? Laquelle ?
fieldbo (lui montrant un pli scellé). — C’est le bulletin du chambellan.
stensgard. — Et pour qui vote-t-il ?
fieldbo. — Dans tous les cas, pas pour toi.
stensgard. — Pour qui alors ? Voyons, pour qui ?
fieldbo. — Pour le percepteur et le pasteur.
stensgard. — Pas même pour Lundestad.
fieldbo. — Non, et sais-tu pourquoi ? Parce que Lundestad t’a proposé comme devant être son successeur.
stensgard. — Il a osé cela !
fieldbo. — Oui ; il a même ajouté : « Si vous voyez Stensgard, faites-lui connaître mon vote, afin qu’il sache mes dispositions à son égard.
stensgard. — Bien, il aura ce qu’il cherche.
fieldbo. — Réfléchis ; il est dangereux de démolir une vieille tour. On peut soi-même y laisser sa peau.