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L’UNION DES JEUNES

madame rundholmen. — Je n’en dirai pas tant. Il était grossier et aimait boire. Mais un homme est toujours un homme.

hejre. — C’est une parole sage que vous venez de dire là, madame Rundholmen : un homme est toujours un homme et une veuve est toujours une veuve.

madame rundholmen. — Et les affaires sont les affaires ; si vous saviez tout le mal que je me donne. Ils veulent tous acheter, mais quand il s’agit de payer, il faut des sommations, des poursuites, des saisies. Ma foi je voudrais épouser un avocat !

hejre. — Eh bien, prenez l’avocat Stensgard ; il est garçon !

madame rundholmen. — Oh ! vous êtes un homme affreux ! Tenez, je ne veux plus entendre parler de vous !

(Elle sort).

Scène III

HEJRE, STENSGARD, FIELDBO

hejre. — Une maîtresse femme ! alerte et ordonnée ! Pas d’enfants et de l’argent placé. Elle a aussi beaucoup d’instruction, elle a beaucoup lu, mon cher.

stensgard. — Elle a beaucoup lu, vous dites ?

hejre. — Hé, hé ! il me semble ! vu qu’elle a été pendant deux ans dans le cabinet littéraire de l’imprimerie Halm. Mais je suis sûr que vous avez bien autre chose en tête aujourd’hui.

stensgard. — Pas du tout, je n’ai rien à penser qu’à mon vote. Et vous, pour qui votez-vous, Monsieur Hejre ?