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THÉATRE

lundestad (A Hejre). — Diable ! pourvu qu’il ne se rétracte pas !

hejre. — Se rétracter ? Hé ! hé ! vous êtes bon, vous. J’ai eu une magnifique inspiration. (Bas à Stensgard). Si vous avez mal parlé hier, vous pouvez vous rétracter aujourd’hui.

stensgard (frappé d’une idée soudaine). — Lundestad, voici l’occasion qui s’offre !

lundestad (en s’éloignant). — Manœuvrez bien.

(Il cherche son chapeau et gagne lentement la porte).

stensgard. — Eh bien, oui, je vais faire un discours

les dames. — Bravo ! bravo !

stensgard. — Prenez vos verres, mesdames, messieurs. Je vais faire un discours qui commence par un conte, car dans ce milieu charmant je me sens inspiré par la muse de la poésie.

erik (Aux dames). — Ecoutez ! écoutez !

stensgard (Le chambellan prend son verre sur la table de jeu et se tient debout. Ringdal, Fieldbo et quelques autres arrivent du jardin). — Un jour de printemps, un coucou s’en vint voltiger dans le vallon. Le coucou est un oiseau qui porte bonheur. Sur la lisière de la forêt il y avait une grande fête d’oiseaux et, par groupes, s’en allaient en chantant des oiseaux sauvages et des oiseaux domestiques. Les poules arrivaient en caquetant, les oies en criant ; mais de la basse-cour de Storli descendit un gros dindon, bruyant, qui gloussait, battait des ailes, se gonflait, se rengorgeait, et disait, dans son langage : « Je suis le roi de Storli ! »

bratsberg. — Délicieux ! Écoutez !

stensgard. — Il y avait aussi là un vieux pic. Perché sur