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L’UNION DES JEUNES

lundestad. — Ainsi, vous n’avez pas d’objections ?

stensgard. — Voici ma main !

lundestad. — Merci. Croyez-moi, monsieur Stensgard, vous n’aurez pas occasion de vous en repentir. Maintenant il faut nous mettre à l’œuvre avec prudence. Tâchons de nous faire nommer, tous les deux électeurs du second degré. Moi, je vous proposerai pour me succéder et vous, vous exposerez vos idées et vous répondrez aux adversaires.

stensgard. — Oh ! quand nous en serons là, nous aurons gagné la partie. Vous êtes tout puissant dans les réunions d’électeurs.

lundestad. — Il y a des degrés dans la toute-puissance. Faites valoir naturellement vos talents d’orateur, et voyez à laisser de côté surtout tout ce qui pourrait être choquant ou…

stensgard. — Vous ne voulez pas dire que je dois rompre avec mon parti ?

lundestad. — Étudiez la question avec soin. Que veut-on dire en déclarant qu’il y a ici deux partis ? — On veut dire simplement qu’il y a des familles qui possèdent des biens bourgeois et qui ont une part dans l’administration des affaires publiques — c’est le parti dont je suis — et que de l’autre côté, il y a la foule de nos concitoyens plus jeunes qui veulent aussi avoir leur part de la richesse et du pouvoir. Mais ce dernier parti… vous en sortirez naturellement, quand vous ferez partie du Starthing et que vous aurez acquis, en même temps, une situation solide de propriétaire, car cela est nécessaire, monsieur Stensgard.

stensgard. — Oui, je le crois aussi. Mais le temps est