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L’UNION DES JEUNES

fieldbo. — Je ne te le conseille pas, tu ne connais pas le chambellan.

stensgard. — Dans ce cas, je laisserai mes actes parler pour moi.

fieldbo. — Tu ne peux cependant abandonner le parti du propriétaire de Storli.

stensgard. — Je m’emploierai à une réconciliation. N’ai-je pas déjà la société que j’ai fondée. C’est une puissance, comme tu vois.

fieldbo. — Une objection ; et ton amour pour Mademoiselle Monsen ? Hier je t’ai dit que c’était là un projet tout à fait digne d’être pris au sérieux ; mais, en y regardant de plus près, je me suis ravisé. Ce projet, tu devrais ; l’abandonner.

stensgard. — Je crois que tu as raison. Quand on se marie dans une famille de gens mal élevés, on épouse, pour ainsi dire, toute la famille.

fieldbo. — En effet, et puis… il y a d’autres raisons.

stensgard. — Monsen est tout à fait mal élevé. Il médit des gens qu’il reçoit chez lui, ce n’est pas bien. A Storli, toutes les pièces sentent le vieux tabac.

fieldbo. — Mais, mon cher… comment n’as-tu pas remarqué plus tôt cette odeur de tabac ?

stensgard. — C’est par la comparaison que l’on s’aperçoit de ces choses-là. Dès le jour de mon arrivée, ma situation ici a été mauvaise, car je suis tombé dans les mains de meneurs qui m’ont rabattu les oreilles de leurs cancans. Maintenant c’est fini, je ne veux pas être l’instrument de leur égoïsme, de leur grossièreté ou de leur sottise.

fieldbo. — A quoi donc vas-tu employer ta société ?