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THÉATRE

RUMMEL (à demi-voix). — Qu’est-ce que cela veut dire ?

BERNICK. — Je ne me fais pas de reproches, néanmoins, à ce sujet, car je me crois encore digne de prendre place ici parmi ceux de mes concitoyens qui ont été les plus utiles à la ville. (Plusieurs voix : oui, oui !) Mais ce dont j’ai le remords, c’est d’avoir été souvent assez faible pour prendre des chemins détournés parce que je connaissais vos préférences et parce que je craignais que vous n’attribuiez des motifs inavouables à mes entreprises. Maintenant j’arrive au but.

RUMMEL (agité). — Hum ! Hum !

BERNICK. — Le bruit s’est répandu dans la ville de l’achat de vastes terrains. Ces terrains, c’est moi qui le ai achetés, moi seul. (Voix étouffées : Que dit-il ? Le consul ? Le consul Bernick ?) J’en suis actuellement l’unique possesseur. Naturellement mes collaborateurs sont intéressés dans cette affaire : MM. Rummel, Altstedt et Wiegeland, et nous nous sommes unis pour…

RUMMEL. — Ce n’est pas vrai ! Des preuves ! Des preuves !

WIEGELAND. — Nous ne nous sommes pas entendus !

SANDSTAD. — C’est un peu fort !

BERNICK. — Très bien. Donc, nous ne nous sommes pas entendus au sujet de ce que je vais vous dire. J’espère que ces Messieurs m’approuveront d’offrir ces terrains pour une loterie dont on prendra les billets au prix coûtant. (Plusieurs voix : Hurrah ! Hurrah ! Vive le consul Bernick.)

RUMMEL (bas à Bernick). — Une aussi basse trahison !