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LES SOUTIENS DE LA SOCIÉTÉ

souvenir. Cette coupe en argent est pour vous, Monsieur Rummel. Vous avez si souvent défendu en termes éloquents nos intérêts. Puissiez-vous trouver souvent une bonne occasion de la remplir et de la vider. À vous, Monsieur le marchand Altstedt, j’offre cet album avec des photographies de nos concitoyens. Votre charité si connue, si incontestée, vous a permis de vous faire sans peine des amis dans tous les partis. À vous, Monsieur Wiegeland, pour orner votre cabinet de travail, je vous offre cette Bible sur papier vélin, avec reliure de luxe. Grâce à la bienfaisante influence de l’âge, vous vous êtes formé de la vie une idée sérieuse et votre travail a toujours été ennobli pour vous parla pensée de l’au-delà, par la pensée d’en haut. (Se retournant vers la foule.) Et maintenant, mes amis, un vivat à Monsieur le consul Bernick et à ceux qui combattent à ses côtés ! Vivent les soutiens de la Société !

LA FOULE. — Vive le consul Bernick ! Vivent les soutiens de la Société ! Hurrah ! Hurrah ! Hurrah !

LONA. — Je vous félicite, beau-père. (Silence profond.)

BERNICK (d’une voix grave). — Mes chers concitoyens, l’orateur qui a porté la parole en votre nom a dit que nous étions, ce soir, au commencement d’une ère nouvelle. Cette assertion, je l’espère, se réalisera. Mais puisqu’il en est ainsi, nous devons avant tout confesser la vérité, la vérité qui, hélas ! jusque ici, dans aucune circonstance, n’a présidé à nos actes. Moi-même je n’ai pas, je l’avoue, travaillé toujours pour vos vrais intérêts ; je me rends compte maintenant que le désir d’augmenter mon importance et ma considération a été le but de la plupart de mes actes.