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THÉATRE

Scène XVIII

RORLUND. — Monsieur et très honoré consul, à l’étonnement que je lis sur votre visage je vois que nous sommes des hôtes inattendus dans le cercle de votre heureuse famille, à votre calme foyer, où vous entourent tant d’amis si probes et si infatigables dans leurs belles et bonnes œuvres, si profitables à tous. Mais notre cœur a éprouvé le besoin de vous offrir nos sincères hommages. Ce n’est certes pas la première fois que nous avons ce bonheur, mais jamais cette manifestation n’avait revêtu un caractère aussi grandiose. Depuis longtemps déjà nous voulions vous offrir nos actions de grâce pour le solide appui moral que vous prêtez à notre société, si j’ose m’exprimer ainsi. (Voix dans la foule et Wiegeland qui crient : Bravo ! bravo !) Aujourd’hui nous rendons hommage d’abord au citoyen dévoué, infatigable, désintéressé et clairvoyant qui a pris l’initiative d’une entreprise dont les brillantes apparences permettent de croire qu’elle contribuera pour une large part au bien-être matériel et moral de notre société. (Des voix crient : bravo !) Monsieur le consul, depuis de longues années vous avez été pour notre ville un exemple lumineux. Je ne parle point ici de votre irréprochable vie de famille et de votre moralité sans tache ; ce sont là choses auxquelles on ne peut toucher au milieu d’une fête pareille ! Mais je veux parler de l’activité que vous montrez à nos yeux. Des navires merveilleusement équipés sortent de vos chantiers et portent vos drapeaux sur