Page:Ibsen - Les Soutiens de la société, L’Union des jeunes, trad. Bertrand et Nevers, 1902.djvu/142

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
130
THÉATRE

RUMMEL. — Alors, ouvrons les rideaux ! Aidez-moi, monsieur Krapp, et vous aussi, Altstedt ! Il est réellement dommage que la famille se trouve aussi divisée… c’est tout à fait à l’encontre du programme.

(Les rideaux sont levés, les portes ouvertes et l’on voit vis-à-vis de la maison un grand transparent avec l’inscription : « Vive le consul Bernick, le plus ferme soutien de notre Société ! »)

BERNICK (en reculant d’un air honteux). — Enlevez cela ! Je ne veux pas voir ! Éteignez, éteignez les lumières !

RUMMEL. — Mais, avec le respect que je te dois, deviens-tu fou ?

MARTHA. — Qu’a-t-il, Lona ?

LONA. — Chut ! (Elle lui parle à voix basse.)

BERNICK. — Enlevez cette raillerie, vous dis-je ! Ne voyez-vous pas que toutes ces lumières nous tirent la langue ?

RUMMEL. — C’est par trop fort !

BERNICK. — Ah !… Je devine… je devine, moi ! Ce sont des flambeaux mortuaires.

KRAPP. — Hum !

RUMMEL. — Vraiment, tu sais, tu prends la chose trop à cœur.

SANDSTAD. — Le petit fait une excursion à travers l’Atlantique, après quoi il nous reviendra.

WIEGELAND. — Ayez confiance en la Providence monsieur le consul.

RUMMEL. — Sur ton navire, Bernick. Il me semble enfin que ce n’est pas un navire à faire naufrage.

KRAPP. — Hum !