Page:Ibsen - Les Soutiens de la société, L’Union des jeunes, trad. Bertrand et Nevers, 1902.djvu/132

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
120
THÉATRE

la mer immense ! Que de fois, dans mon école, là-bas, j’ai rêvé de cette mer ! Puis ce doit être si beau là-bas, le ciel est plus vaste, les nuages flottent plus haut qu’ici ; l’homme respire un air plus libre.

DINA. — Tante Martha, tu viendras nous rejoindre un jour !

MARTHA. — Moi ! jamais ! jamais ! J’ai une tâche à remplir ici.

DINA. — Il ne peut pas rentrer dans mon esprit que je resterai toujours loin de toi.

MARTHA. — On se résigne à bien des séparations, Dina. (Elle l’embrasse.) Promets-moi de le rendre heureux, chère enfant.

DINA. — Je ne veux pas le promettre, je hais les promesses. Toute chose arrive par la volonté de Dieu.

MARTHA. — Oui, oui, c’est vrai. Reste ce que tu es, fidèle et sincère à toi-même.

DINA. — Je serai fidèle et sincère, tante.

LONA (Elle cache dans sa poche quelques papiers que Johann lui remet). — Bien, bien, mon cher Johann ; et maintenant va !

JOHANN. — Oui, il n’y a plus de temps à perdre. Adieu donc ! Merci pour toute ton affection ! Adieu, Martha ! Sois bénie aussi pour ta fidèle amitié !

MARTHA. — Adieu, Johann ! Adieu, Dina ! Soyez heureux ensemble !

(Elles disparaissent à demi derrière la porte. Johann et Dina s’éloignent rapidement à travers le jardin. Mlle Lona ferme la porte et tire le rideau.)