BERNICK. — Hum ! Avez-vous découvert quelque chose ?
KRAPP. — À quoi bon ? Sa mauvaise conscience ne se lit-elle pas dans ses yeux, monsieur le consul ?
BERNICK. — Allons donc ! ces choses là ne se voient pas… Avez-vous découvert quelque chose, oui ou non ?
KRAPP. — Je n’ai pu descendre dans le navire, il était trop tard. On sortait l’Indian Girl du dock. Mais cette hâte même prouve suffisamment que…
BERNICK. — Ne prouve rien. Et l’inspection a-t-elle eu lieu ?
KRAPP. — Naturellement, mais…
BERNICK. — Bien, et l’on n’a rien trouvé à redire ?
KRAPP. — Monsieur le consul sait très bien comment se font ces inspections, surtout sur un chantier d’aussi bonne réputation que le nôtre.
BERNICK. — Quoi qu’il en soit, nous sommes déchargés de toute responsabilité.
KRAPP. — Monsieur le consul n’a-t-il vraiment pas remarqué chez Aune que ?…
BERNICK. — Il m’a complètement rassuré, vous dis-je.
KRAPP. — Et moi je vous dis que je suis moralement persuadé…
BERNICK. — Que signifie cela, monsieur Krapp ? Aune, je le sais, n’est pas dans vos bonnes grâces. Mais si vous lui en voulez, cherchez une autre occasion. Vous savez combien il m’importe, ou plutôt combien il importe aux armateurs que l’Indian Girl prenne la mer demain.
KRAPP. — Bien, bien, soit… Mais quand nous entendrons reparler de l’Indian Girl… hum !