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THÉATRE

moi la main. C’est cela. Ainsi c’est décidé. Je t’assure qu’il me serait impossible de travailler avec lui. Je ressens littéralement un malaise physique auprès de gens pareils.

NORA, retire sa main et va se placer de l’autre côté de l’arbre. — Comme il fait lourd ici. Et moi qui ai tant à faire.

HELMER, se levant et rassemblant ses papiers. — Il faut que je parcoure une partie de ceci avant le dîner. Et puis je penserai à ton costume. Peut-être moi aussi, ai-je préparé quelque chose à suspendre à l’arbre dans du papier doré. {Il lui pose la main sur la tête.) Oh mon cher petit oiseau chanteur !

NORA, bas, après un silence. — Oh non ! cela n’est pas. C’est impossible. Il faut que ce soit impossible.

ANNE-MARIE, à la porte de gauche. — Les petits réclament absolument de venir trouver leurmaman.

NORA. — Non, non, non, ne les laisse pas venir chez moi. Reste avec eux, Anne-Marie.

ANNE-MARIE. — Mais oui. Madame.

NORA, pâle d’épouvante. — Dépraver mes petits enfants… ! Empoisonner la maison… Elle relève la tête. Ce n’est pas vrai. C’est faux aussi vrai que j’existe.