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CATILINA

D’être le vengeur de mon propre crime.
Ah ! Furia, il me semble voir encore
Ton regard enflammé et sauvage,
Comme celui d’une Erinnye ;
Et tes paroles résonnent sinistrement encore à mes oreilles.
Non ! jamais je n’oublierai cela.

(Aurélia entre et s’approche de Catilina sans que celui-ci s’en aperçoive.)

CATILINA

Mais qu’importe ! C’est absurde de penser plus longtemps à ces folies,
Car ce ne sont que folies.
Ma pensée doit se fixer sur des sujets plus graves.
De grandes entreprises sollicitent mon énergie.
Je suis indispensable aux temps présents,
Il faut bien me pénétrer de cette idée !
Et ne point me laisser agiter tour à tour par l’espérance et le doute,
Comme une mer par l’orage.

AURELIA, saisissant la main de Catilina.

Eh quoi, ton Aurélia ne doit-elle pas connaître la cause de ton trouble ?
Doit-elle ignorer les tourments de ton âme
Et ses luttes intérieures ?
Ne pourra-t-elle offrir à l’époux la consolation de la tendre épouse,
Et chasser ainsi l’ombre de ton front ?