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PREFACE

Non ! Le poète peu original du Tapis de l’Impératrice a postiché avec assez de succès la facture de 1830, mais il n’a pas su donner une pensée nouvelle en ces vers anciens.

Saverny, Didier, Don César avaient leur grandeur. Flambard est simplement la caricature grotesque et marseillaise de ces types qui passionnèrent le Paris d'il y a soixante-dix ans. Cyrano qui fait pâmer d’aise nos bourgeois opportunistes, c’est le Lion superbe et généreux d’Hernani.

Ibsen, lui qui malgré Solness et la Dame de la mer est bien le plus grand et le plus génial poète du temps présent, n’est jamais tombé dans la bassesse de l’imitation.

Quand il donne Catilina, s’il n’est pas l’aigle encore, il est déjà l'aiglon, il se révèle comme un puissant évocateur d’âme, comme un écrivain génial, comme une tête de Dieu Touché.

En quelques traits, traits qu’il renouvelle en les accentuant, il esquisse largement l’individualité [e ses personnages et cela si nettement, si clairement, que nous regretterons cette première manière si puissante, si simple et si peu complexe dans les derniers drames par trop symboliques.

Il nous est loisible en effet de croire que l’âme d’un Catilina était aussi troublée, aussi compliquée que elle de la Dame de la mer ou