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CATILINA
FURIA, en la suivant du regard.

Va, cherche, pauvre insensée !
Je ne crains rien,
Entre mes mains sûrement est la victoire.
Le bruit de la bataille augmente
Et on entend les cris des mourants
Et le bruit sourd des boucliers.
Est-il déjà blessé ? Vit-il encore ?
Cet endroit est superbe. Voyons, la lune se cache
Derrière les nuages orageux,
La nuit apparaît encore une fois.
Avant l’aube, quand le jour se fera de nouveau,
Tout sera fini. Il mourra dans la nuit,
Comme il a vécu dans la nuit ! Ah ! moment délicieux !!

(Elle écoute.)

Quel fracas retentit dans l’espace ?
On dirait un orage d’automne
Dont les coups sont répercutés par l’écho lointain.
L’ennemi maintenant balaye le champ de bataille,
J’aperçois les pieds des soldats qui s’agitent.
Je distingue très bien les plaintes et les cris
Qui sont la dernière berceuse que les blessés se chantent à eux-mêmes
Pour endormir leurs souffrances et celles de leurs pâles frères.
Tiens, voici le cri du hibou ; l’oiseau sinistre souhaite