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p. 233. qui ait réussi dans celte tentative ou qui soit arrivé au résultat qui devait combler ses souhaits. Ces hommes passent leur vie à opérer, à manier la molette et le pilon, à sublimer, à calciner, à s'exposer volontairement aux dangers en cheichant et en cueillant des simples. Ils se communiquent des anecdotes au sujet d'autres alchimistes qui seraient arrivés au but ou qui auraient été sur le point d'y réussir. Il leur suffit d'avoir entendu une de ces histoires pour qu'ils y ajoutent foi et en fassent le sujet de leurs entretiens; ils n'ont pas même l'idée d'en soupçonner l'authenticité, et font comme les hommes qui, étant préoccupes d'une affaire, se laissent volontiers égarer par les récits les moins exacts qui s'y rapportent. Qu'on leur demande s'ils ont vériOé le fait de leurs propres yeux, ils répondent que non: « Nous l'avons entendu raconter, disent-ils, mais nous n'en avons pas été témoins. » Voilà les alchimistes de tous les siècles et de toutes les nations.

Sachez maintenant que la pratique de cet art date des temps les plus reculés, et que les anciens en ont traité ainsi que les modernes. Nous allons exposer leurs doctrines, et nous donnerons ensuite notre opi- nion touchant la réalité du grand œuvre. Dieu, par sa grâce, dirige vers la vérité. Donc nous dirons que les doctrines émises par les philo- sophes à ce sujet dérivent de l'une ou de l'autre des deux théories qu'ils se sont faites au sujet de la nature des sept métaux les plus communs, savoir : l'or, l'argent, le plomb, l'étain, le cuivre, le fer et le zinc. Y a-l-il entre ces métaux des différences spécifiques, de sorte que chacun d'eux forme une espèce à part.^ ou bien diffèrent-ils par leurs qualités particulières de manière à n'être que des variétés d'une même espèce? [Les différences des métaux quant à leurs qualités' proviendraient (alors) de leur humidité, de leur sécheresse, de leur mollesse, de leur dureté et de leurs couleurs, telles que le jaune, le blanc et le noir, et les métaux seraient de simples variétés d'une

P. 234. nuème espèce.*] Selon IbnSîna(Avicenne) et les philosophes de l'Orient

' Littéral, ipar leurs quiddités. >' — * Ce paragraplie manque dans l'édilion de Bou- Uc et dans les manuscrits C el D.

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