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tuallté des sphères et de la lier à certaines figures ou à certains rap- ports numériques. De là résulte une espèce de mélange qui, par sa nature, change et transmue (ce qu'il touche), ainsi qu'opère le levain sur les matières dans lesquelles on l'introduit. (Nous disons ensuite qu'jil en est autrement de ceux qui, pour donner à leur âme cette faculté d'agir, se servent des propriétés secrètes des noms; ils n'y parviennent qu'à la suite d'une grande contention d'esprit; ils doivent être éclairés par la lumière céleste et soutenus par le secours divin. La nature (externe) se laisse alors dominer, sans offrir de la résis- tance et sans qu'on ait recours aux influences des sphères ou à d'autres moyens, vu que le secours divin est plus puissant qu'une influence quelconque. Ceux qui opèrent avec des talismans n'ont besoin que d'un très-léger exercice préparatoire quand ils veulent procurer à leur âme le pouvoir de faire descendre la spiritualité des sphères. Com- bien il leur est facile de donner à leur esprit la direction convenable ! Combien leurs exercices sont peu fatigants, si on les compare avec les exercices transcendants des hommes (les Soufis) qui emploient les P. i4a. vertus mystérieuses des noms! (Les talismanistes) ne cherchent pas à agir sur les êtres au moyen de leur âme, parce qu'un voile s'y inter- pose (celui des impressions des sens); et, si cette facidté leur ar- rive, ce n'est que par accident et comme une marque de la faveur divine. S'ils (les Soufis) ignorent les secrets de Dieu et les vérités du royaume céleste, — ce qui ne s'apprend que par la contemplation et après Yécarlement (des voiles des sens); — s'ils se bornent à étu- dier les rapports qui existent entre les noms, les qualités' des lettres et celles des mots; si, dans le but qu'ils se proposent, ils emploient (uniquement) ces rapports, c'est-à-dire s'ils font comme les personnes que l'on désigne ordinairement par le nom de gens de la sîmîa (ou de la magie naturelle), — alors, rien ne les distinguera de ceux qui opèrent au moyen de talismans; et, en ce cas, nous devrions accor- der plus de confiance à ceux-ci, parce qu'ils s'appuient sur des prin-

' Littéral. • les natures. »

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