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D'IBN KIIALDOUN. 111

Quant à ce qu'ils disent de leurs combats spirituels, de leurs sta- tions, des goûts et des extases qui en sont le fruit, de leur usage de faire rendre compte à leur âme de la négligence qu elle aurait mon- trée pour les actes qui sont les causes (de ces goals et extases), tout cela est d'une vérité incontestable : les goûts qu'ils y ressentent sont réels et c'est dans la réalisation de ces goûls que consiste la suprême félicité. Leurs récits au sujet des faveurs (divines) accordées à leurs confrères (et qui leur permettaient d'opérer des prodiges), les rensei- gnements que ceux-ci ont donnés relativement aux êtres du monde invisible, les actes d'autorité qu'ils exercent sur les choses qui exis- tent, tout cela est parfaitement vrai et personne n'a le droit de le nier. Si quelques légistes ont été portés à condamner ces récits, c'est un tort qu'ils ont eu. Le célèbre docteur acharite Abou Isbac el-Isfe- raïni ' avait objecté à la réalité (des prodiges opérés par les bommes saints) que ces prodiges pouvaient être confondus avec des miracles (et l'on sait que. le don des miracles n'appartient qu'aux prophètes). Mais quelques docteurs sonnites, investigateurs zélés de la vérité, ont fait observer que le miracle peut toujours se distinguer du pro- dige par le tahaddi, c'est-à-dire la déclaration qu'un miracle exacte- ment conforme à ce qu'on annonce va avoir lieu *. Ils ajoutent : « il n'est pas possible qu'un miracle ait lieu à la suite dune annonce faite par un imposteur; car la raison nous dit qu'un miracle démontre une vérité, vu qu'il possède en lui-même la qualité de confirmer la vé- rité. Or, si un miracle avait lieu à la suite d'une annonce faite par un imposteur, cette qualité essentielle serait changée dans son opposé, ce qui est absurde'. D'ailleurs, la réalité des faits atteste que des prodiges en grand nombre ont été opérés (par des saints); ce serait donc un acte de présomption que de les nier. Tout le monde sait que

' Voy. la i" partie, p. 191. p. 192, 1. 1 i de la Iraduction. J'aurais dû L'explication du mot (jo^' se trouve écrire : * les qualités essentielles da miracle dans la i" partie, p. 190 et suiv. seraient changées en leurs contraires. » Le Ceci fait voir que, dans la première mot ^r^\ est employé là pour «yAli partie, les mots (j-àJI tyli-o ont été mal L»ij , c'est-à-dire l'individualité du mi- rendus par les attribitts de l'dme. (Voy. racle, le miracle mime.

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