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D'IBN KUALDOUN. 83

corps de réserve qui les entourait prendre la fuite. Sur le champ de bataille, les Francs tiennent ferme, ils ne connaissent que cela, parce qu'ils ont été habitués à combattre en ligne; aussi forment- ils des troupes plus solides que celles de tout autre peuple. Du reste, les rois maghrébins ne les emploient que contre les Arabes et les Berbers^ qu'ils veulent faire rentrer dans l'obéissance; mais ils se gardent bien de s'en servir dans leurs guerres contre les chré- tiens, de peur que. ces troupes auxiliaires ne s'entendent avec l'ennemi et ne trahissent les musulmans. Voilà* ce qui se pratique dans le Maghreb encore de nos jours. Nous venons d'exposer les motifs de cet usage, et Dieu sait toute chose.

On m'a appris qu'aujourd'hui les Turcs se battent à coups de flèche et que leur ordre de bataille est de trois lignes parallèles. Les soldats de la première ligne mettent pied à terre, vident^ leurs car- quois sur le sol, devant eux, et, s'étant assis, commencent à tirer. Chaque ligne sert (d'appui et) d'abri aux troupes de la ligne qui est devant elle, dans le cas où elles seraient mises en déroute par l'en- nemi. L'on continue le combat de cette manière jusqu'à ce que l'une ou l'autre armée remporte la victoire; c'est un ordre de bataille [lâbiya] très-soHde et très-original.

Les premiers musulmans avaient pour usage dans leurs guerres de creuser un fossé autour de l'endroit où ils venaient camper après avoir réuni leurs forces pour marcher au combat. Par cette précaution ils voulaient éviter la disgrâce d'avoir leur camp surpris par l'ennemi dans une attaque de nuit. L'obscurité augmente alors l'eflVoi des sol- dats, dont quelques-uns cherchent leur salut dans la fuite et s'ima- ginent que les ténèbres serviront de voile à leur lâcheté. S'ils font partager leurs craintes à leurs camarades, le désordre^ se met dans p. 73. toute l'armée et la déroute devient générale; aussi, quand on avait dressé les tentes au lieu de la halte, on fortifiait cette position en l'en- tourant de tous les côtés d'une ceinture de tranchées, afin d'em-

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