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78 PROLÉGOMÈNES

dans l'ordre le plus naturel, c'est-à-dire dans la direction, ou à peu près, des quatre points cardinaux. Le chef de l'armée, qu'il fût sultan ou général, se tenait au centre. On appelait cette manière de ranger les troupes tâbiya (ordre, disposition), ainsi que nous le voyons dans les livres qui traitent de l'histoire des Perses, des Grecs et des deux premières dynasties de l'islamisme. Un de ces corps, ayant un général et un drapeau à lui , se tenait aligné en avaut du souverain et s'appelait P. 68. la mocaddema (l'avant-garde); un autre, placé à la droite du prince, s'appelait la meïmena (la droite, l'aile droite); celui de gauche se nom- mait le mcïcera (la gauche, l'aile gauche), et un autre, placé sur les derrières de l'armée, était désigné parle terme saca (arrière-garde). Le souverain et ses officiers se tenaient entre ces quatre corps, dans l'endroit que l'on nommait le calb (le cœur, le centre). L'armée, étant rangée dans cet ordre solide, occupait une étendue de terrain qui ne dépassait pas la portée de la vue; quelquefois, cependant, il y avait une journée de marche ou deux journées, tout au plus, entre chaque corps; cela dépendait du nondire des combattants dont se composait l'armée. Ces dispositions faites, elle se mettait en marche. On peut voir, à ce sujet, les récits des conquêtes faites par les musulmans et l'histoire des deux premières dynasties; on y verra aussi que, sous le règne d'Abd el-Melek, quand l'armée fut rangée de cette manière, quelques troupes avaient gardé leurs positions et étaient restées en arrière après que le prince se fut mis en marche, tant était grande la distance qui séparait ces corps les uns des autres. Aussi ce khahfe fît-il choix d'El-Haddjadj Ibn Youçofpour faire partir les retardataires, ainsi que nous l'avons déjà fait observer^ et que nous le savons par l'histoire de cet émir. Sous la dynastie des Oméiades espagnols, on voyait plusieurs exemples d'armées aussi grandes que celle-là, mais on n'en a pas eu un seul chez nous (dans l'Afrique septentrionale). Dans ce pays, les dynasties de notre époque ont des armées si peu nombreuses qu'à peine est-il possible que les troupes dont elles se

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