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D'IBN KHALDOUN. 77

phète a dit : » Le vrai croyant est au vrai croyant comme une mu- raille dont les diverses parties se soutiennent. » On voit maintenant pour quelle raison on a imposé à chaque combattant l'obligation de garder son rang et de ne pas tourner le dos au moment où l'on charge l'ennemi. Le but auquel on vise, en alignant les troupes pour com-p. 67. battre, c'est de maintenir la régularité dans l'ordre de bataille. Celui qui tournerait le dos pour s'enfuir romprait cette régularité et com- mettrait un acte qui pourrait entraîner la déroute des musulmans et les livrer à leurs ennemis. Un tel crime peut amener un malheur général et nuire à la religion, dont il brise un des remparts; aussi l'a-t-on toujours compté au nombre des plus grands péchés. Ce que nous venons d'exposer montre que, aux yeux de la loi, la charge en ligne est à préférer. L'attaque par charge et retraite n'est pas aussi efficace que l'autre, et elle expose l'armée à une déroute générale. Cela ne manquerait pas d'arriver si l'on n'avait la précaution de tenir sur ses derrières une seconde ligne de troupes immobile pour servir de point d'appui et de ralhement au reste de l'armée. Cette disposition reniplace, dans ce cas, la charge à fond. Nous revien- drons là-dessus.

Dans les temps anciens, quand les empires se composaient d'Etats très-vastes et pouvaient réunir beaucoup de troupes, on partageait les armées en plusieurs divisions '. Cela eut lieu pour cette raison : le nombre de soldats était immense, et, comme on les avait tirés de provinces très-éloignées les unes des autres, ceux d'une localité ne connaissaient pas ceux d'une autre; aussi dans la mêlée, pendant qu'on frappait à coups de lance et d'épée , ils n'auraient pas pu distinguer leurs amis de leurs ennemis, ce qui aurait amené des conflits entre ceux du même parti. Pour remédier à ce danger, on partagea l'armée en plusieurs corps, dont chacun se composait de sol- dats qui se connaissaient les uns les autres, et l'on plaçait ces corps

Dans l'édition de Boulac, on lit de «on les appelle kerdoas (divisions) et on plus : Jb J (j^y-m-i,^ ^ji^j.iî^r LgJ^ûuj» range chaque kerdous par rangs égaux,

  • .j| l£U.5 ^r>-^3 «iji^ (j»j.>^c'esl-à-dire, et le motif de cela est, etc. ».

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