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on l’a appliqué à la direction de ce genre de fabrication et à la surveillance qui s’exerce sur l’exacte observation de toutes les règles prescrites en cette matière. C’est là l’office dont le mot sicca est devenu comme le nom propre dans le langage usuel de l’administration poli- tique. Cet office-est d’une absolue nécessité à l’empire, puisque c’est par son ministère que, dans les transactions commerciales, on dis- tingue la bonne monnaie de la mauvaise, et que c’est le type connu, imprimé sur les monnaies par l’autorité du souverain, qui garantit leur bonté et prévient toute fraude. Les rois perses avaient leurs types monétaires, sur lesquels ils gravaient certaines figures consa- crées par l’usage, telles, par exemple, que la figure du souverain régnant, ou celle d’un château’, d’un animal, d’un objet de fantaisie ou de toute autre chose. Les Perses conservèrent celte pratique aussi longtemps que dura leur empire.

Dans les commencements de l’islamisme, la sicca fut totalement négligée, par un effet de la simplicité que la religion imprimait aux mœurs, et de la civilisation imparfaite que la vie nomade avait com- muniquée aux Arabes. Les musulmans employaient dans le commerce i’or et l’argent au poids, et les dinars et dirhems dont ils faisaient usage étaient ceux des Perses ; ils leur donnaient cours uniquement en les prenant au poids, et c’était le moyen d’échange reçu parmi eux. Mais, par suite de l’insouciance du gouvernement à cet égard , il s’introduisit une frande révoltante dans le titre des pièces d’or et d’argent. Par l’ordre du khalife Ahd el-Melek, comme le rapportent Saîd Ibn el -Moseïyeb * et Abou ’z-Zinad’, El-Haddjadj fit frapper des dirhems et distingua ainsi les pièces de bon aloi de celles dont le titre était altéré. Ceci eut lieu en l’année -jli (693-694 de J. C), ou, sui-

On voit sur beaucoup de monnaies sassanides la figure d’un autel sur lequel brûle le feu sacré. Ibn Khaldoun a cru y voir la représentation d’un château.

Voy. ci-devant, p. 21.

Abou’z-Zinad Abd Allah Ibn Dikouan, natif de Médine et un des disciples des Compagnons de Mohammed, se distingua comme jurisconsulte et comme traditionniste. On le place au premier rang parmi les savants de cette époque. Il mourut l’an i3o (yZiSde J. C). (Voyez ma traduction du Dictionnaire biographique d’Ibn Khallikan, 1. 1, p. 58o, note 6.