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D'IBN KHALDOUN. 47

leurs ', et la décrépitude dont l'empire ressent les atteintes a diminué la population.

Alors, de même que dans les premiers temps, le gouvernement doit se faire appuyer^ par les gens d'épée; leur concours lui est indis- pensable, s'il veut se faire respecter et se défendre. Pour obtenir ce double résultat, il trouvera l'épée plus utile que la plume. Aux deux époques que nous venons d'indiquer, les gens d'épée jouissent d'une haute considération, d'une grande aisance et de riches apanages; mais, quand l'empire est au milieu de sa carrière, le sultan n'a plus autant besoin de leurs services : il a déjà établi son autorité et n'a plus d'autre souci que de recueillir les fruits de la souveraineté. (Pour lui l'es- sentiel est maintenant) de faire rentrer les impôts, d'enregistrer (les receltes et les dépenses), de rivaliser en magnificence avec les autres dynasties et de transmettre partout ses ordres. Pour cela, son meilleur auxiliaire est la plume, dont il a maintenant le plus grand besoin. Pen- dant ce temps, les épées restent désœuvrées et reposent dans leurs four- reaux, à moins qu'un grave événement ne survienne et qu'il ne faille réparer les brèches (qui peuvent compromettre le salut de l'empire). Les gens de plume jouissent alors de plus de considération, de plus de bien-être et de richesses que les militaires. Aux audiences publiques ils occupent des places très-rapprochées de celle du souverain; ils se rendent chez lui fréquemment, et sont même admis dans son inti- mité. Cela leur arrive parce que la plume est l'instrument au moyen duquel le prince recueille les fruits de la royauté, dirige la marche de fadminislration, maintient l'ordre dans ses Etats et rivalise (en dignité) avec les autres souverains. A cette époque, les vizirs et les chefs militaires sont des gens dont le gouvernement peut fort bien se passer; aussi se voient-ils exclus de fintimité ' du souverain et exposés à être victimes de la colère du prince au moment où ils s'y P. in. attendent le moins. C'est ce qu'yVbou Moslem exprima dans sa lettre à El-Mansour*, quand il reçut l'ordre de se rendre à la cour.

' Voyez la première partie, page 345. Pour J?Lj, lisez ^^■

Pour i^jAJj , lisez iS^y On sait. qu'Abou Moslem , après avoir

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