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D'IBN KHALDOUN. 45

dans son El-Feth el-Codci^. Elle commençait ainsi : « Puisse Dieu ou- vrir à votre seigneurie les portes du salut et du bonheur! » El-Mansour s'en trouva offensé, parce qu'on ne lui avait pas donné le titre d'émir el-moamenin (celui qu'il portait); mais il dissimula son mécontente- ment. Ayant comblé de dons et d'honneurs les membres de l'ambas- sade, il les renvoya à leur souverain sans avoir répondu à ce qu'ils étaient venus lui demander.

D'après ce (que nous venons d'exposer, on voit que) le royaume de Maghreb se distinguait des autres par la possession d'une flotte; que les chrétiens avaient une grande supériorité dans la partie orientale de cette mer; que le gouvernement de l'Egypte et de la Syrie avait négligé, alors et plus tard, le soin de sa marine, et que les empires doivent avoir toujours des flottes en état de servir.

Après la mort de Yacoub el-Mansour, la puissance des Almohades commença à décliner; les peuples de la Galice^ s'emparèrent d'une grande partie de l'Espagne, refoulèrent les musulmans dans les pays du littoral, occupèrent les îles situées dans la partie occidentale de la mer Romaine, et s'y rendirent très-redoutables. Mais, malgré le grand nombre de leurs vaisseaux, les musulmans purent enfin les combattre avec des forces égales. C'est ce qui eut lieu sous le règne d'Abou l-Hacen, roi zenatien^ du Maghreb. A l'époque où ce sultan conçut l'intention d'attaquer les infidèles, sa flotte était aussi nom- breuse et aussi bien équipée que celle des chrétiens; mais ensuite la marine musulmane perdit son importance par suite de la faiblesse P. 40. toujours croissante des empires maghrébins. Dans ce pays, l'influence de la vie nomade, étant encore très- forte, fit oublier les usages de la civilisation plus avancée que l'on avait apprise en Espagne, et enleva aux populations l'habitude des affaires maritimes. Les chré-

  • ' La Conquête de Jérusalem. ScliuUens ' Abou 'l-Hacen était le dixième souve-

a publié un extrait de cet ouvrage dans le vain de la dynastie mérinide. Il régna dix- volume intitulé Saladini Vila et res gestee. huit ans et fut détrôné, par son fils Abou

  • C'est-à-dire, les peuples de Léon, Cas- Eïnaii, en 749 (iSASiSAg de J.C.). (Pour

tille, etc. sa vie, voyez V Histoire des Berbers, t. IV.)

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