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D'IBN KHALDOUN. 41

Le sultan y faisait embarquer des hommes, des troupes d'élite et plu- sieurs de ses affranchis, et les plaçait tous sous les ordres d'un seul émir appartenant à la classe la plus élevée des officiers du royaume. H les faisait partir alors pour leur destination , dans l'espoir qu'ils re- viendraient victorieux et chargés de hutin.

Lorsque l'islamisme se fut constitué en empire, les musulmans subjuguèrent toutes les contrées qui bordent cette mer, et, par la puissance de leurs flottes, ils mirent les chrétiens de ces pays dans l'impossibilité de leur résister. Pendant un long espace de temps, chacune de leurs expéditions se terminait par une victoire. On sait quels étaient leurs hauts faits , leurs conquêtes et les richesses qu'ils enlevèrent à l'ennemi. Ils s'emparèrent de toutes les îles de cette mer. Maïorque, Minorque, Iviça, la Sardaigne, la Sicile, Cossura, Malte, Crète et Chypre, tombèrent en leur pouvoir, ainsi que d'au- P. 36. très contrées appartenant au royaume des Romains et à celui des Francs. Abou '1-Cacem le Chîïte ' et ses fils expédiaient d'El-Meh- diya des flottes qui allaient insulter l'île de Gênes ^ et qui reve- naient victorieuses et chargées de butin. En l'an l\o6 (ioiii-ioi5 de J. C), Modjahed el-Ameri, souverain de Dénia, et l'un des Molouk et-tawaif^, s'empara de la Sardaigne au moyen de sa flotte ; mais les chrétiens reprirent cette île bientôt après. Pendant toute celte pé- riode, les armes des musulmans triomphaient dans presque tous les parages de la mer Romaine ; leurs navires la parcouraient dans tous les sens, et leurs troupes, parties de la Sicile, allaient débarquer sur la terre ferme située en face du côté septentrional de cette île. Elles y attaquaient les princes des Francs et dévastaient leurs Etats. C'est ce qui eut lieu sous les Béni Abi '1-Hoceïn*, rois de Sicile, qui reconnais- saient la souveraineté des Fatemides. Les chrétiens se virent obligés

' Le second souverain fatemide. pelait aussi les Kelbides. Ibn Rhaldoun

' L'auteur emploie ici le terme djezîra lui-même, dans une autre partie de son

Il île. » ouvrage, donne le nom d'Aboa 'l-Uoceîn

■' Voy. ci-devant, p. ii. à l'aïeul des Kelbides, famille dont il s'a-

' On lit ailleurs Béni Abi 'l-Hacen. La git ici. (Voyez \' Histoire de l'Afrique et de

petite dynastie qui portait ce nom s'ap- la Sicile, de M. Noël des Vergers.) Prolégomènes. — n. 6

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