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D'IBN KHALDOUN. 435

Chez l'homme, la connaissance c'est l'acquisition de la forme de l'objet connaissable. Il reçoit cette forme dans son essence, où elle n'avait jamais été auparavant ; aussi tout ce que l'homme sait se compose de connaissances acquises. L'essence dans laquelle arrivent les formes des êtres dont on prend connaissance c'est l'âme, subs- tance hylique qui se revêt de la forme de l'existence, au fur et à mesure qu'elle recueille les formes des choses connaissables. L'exis- tence de l'âme a atteint la perfection, tant en matière qu'en forme, lors de la mort du corps. Toute connaissance que l'âme cherche à obtenir est, soit une affirmation, soit une négation; elle se procure l'une ou l'autre en se servant du terme (moyen) qui lie les deux ex- trêrnes^ Chaque connaissance que l'on obtient a besoin d'être justifiée par son accord (avec la vérité); et, alors même qu'elle se laisse éclaircir par un procédé artificiel, la démonstration, on ne l'aperçoit qu'à travers un voile. La démonstration est donc bien différente de l'in- tuition qui existe chez les anges. Quelquefois ce voile est écarté et la conformité de la connaissance (avec la réalité) se montre claire- ment à la faculté perceptive. L'homme est donc ignorant par nature; cela s'aperçoit à l'incertitude qui affecte toutes ses connaissances. Ce que l'homme sait lui arrive parla voie de l'acquisition et par l'emploi de l'art. En effet, les connaissances qu'il recherche au moyen de la réflexion ne s'obtiennent qu'en observant les conditions imposées par l'art (de la logique).

Le voile dont nous venons de parler ne peut être levé que par le moyen d'exercices spirituels, soit qu'on se serve d'invocations, dont la meilleure est une prière pour écarter l'impureté et le péché, soit qu'on s'abstienne des choses qui donnent satisfaction aux appétits Importuns (du corps), et c'est par le jeûne que l'on y parvient le plus sûrement, soit encore qu'on se tourne vers Dieu avec toute la force de son âme. Dieu a enseigné aux hommes ce qu'ils ne savaient pas. [Co- ran, sour. xcvi, vers, ô.)

��C'est-à-dire, par le raisonnement svilogistique.

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