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D'IBN KHALDOUN. 431

Etabli d'abord pour imprimer une direction unique aux travaux des hommes , il peut donner lieu à des querelles et à des disputes. Alors se développent les sentiments d'aversion et d'affection, d'amitié et de liaine; ce qui, chez les peuples et les tribus, amène la guerre ou la paix. De quelque façon que cela arrive\ rien de semblable ne se montre chez les animaux, qui vivent abandonnés à eux-mêmes : il n'y a que l'espèce humaine chez laquelle cela se trouve , grâce à la bonté de Dieu, qui lui a accordé la faculté de régler ses actions au moyen de la réflexion, ainsi que nous venons de le dire. Dieu a implanté dans les hommes cette puissance régulatrice; il l'a même rendue fa- cile à manier, afin qu'ils l'emploient pour établir leur organisation politique et judiciaire. Elle les porte à fuir le vice pour embrasser la vertu, et les éloigne du mal pour les rapprocher du bien^ aussitôt qu'ils ont appris, par l'expérience et par l'habitude, à prévoir les suites, bonnes ou mauvaises, de leurs actions. Voilà ce qui distingue les hommes des autres animaux.

Chez l'homme, les fruits de la réflexion se voient dans la manière dont il règle ses actions afin de les détourner de ce qui pourrait avoir des suites nuisibles. Les notions qui mènent à ce résultat ne P. 369. sont pas tout à fait en dehors du domaine des sens, et, pour les sai- sir, on n'a pas besoin de profondes recherches : elles dérivent de l'expérience, et c'est par l'expérience qu'on les apprend. Ce sont des idées particulières qui dépendent d'objets sensibles et dont l'exac- titude ou la fausseté se montre promptement dans l'application; aussi c'est par l'application qu'on parvient à les apprécier. Chaque indi- vidu en recueille selon ses moyens et d'après l'expérience qu'il a acquise dans ses rapports avec ses semblables. Parvenu, de cette manière, à savoir ce qu'il doit faire et ce qu'il doit éviter, il obtient,

' Pour *a.j J^ L^t- leçon du texte im- kT^ cjl ^î- Le traducteur turc a lu

primé et du manuscrit A. il faut lire J* comme moi, puisqu'il a rendu la phrase

  • 3.j tj\. Le traducteur turc rend ces mots qui renferme celle expression par les mots:

par leur équivalent arabe ,yu\ L» o-*^. ji.Lu.-«j <_>U;>:a.fj j'y^t (j^o^-l-i-oj ^j

' Pour ji>*A^t ci' u^^ L)*J'i^ "* 0*J '^;'>j' cjLjc^tj i^y^' ij^'^j

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