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D'IBN KHALDOUN. 427

(sourate xvi, vers. 80) : «Il vous a donné la vue, l'ouïe et des cœurs. » Foaad, le singulier d'afida, désigne ici la réflexion.

Cette faculté a plusieurs degrés (d'intensité) : dans le premier, elle donne l'intelligence des choses extérieures qui se présentent dans un arrangement naturel ou conventionnel, de manière que l'homme puisse amener, par sa puissance, le résultat qu'il veut obtenir. Ce genre de réflexion se compose, en grande partie^, de concepts ou simples idées, et s'appelle intelligence discernante. L'homme, aidé par p. 365. elle, se procure les choses qui lui sont utiles, ainsi que la nourriture, et évite ce qui peut lui faire du mal. La réflexion du second degré enseigne les opinions reçues et les règles de conduite que l'homme doit ohserver dans ses transactions et dans le gouvernement des êtres de son espèce , et qui , en grande partie , se composent d'affîrma* tions (ou propositions) dont l'exactitude s'est graduellement véri- fiée par l'expérience. On désigne ce genre de réflexion par le nom d'intelligence expérimentale. Au troisième degré , la réflexion trouve la connaissance réelle ou hypothétique des choses qu'elle cherche derrière les sens et sur lesquelles elle ne peut agir directement. C'est là Yintelligence spéculative. Elle consiste en concepts et en affirmations, combinés d'une manière toute particulière, d'après certaines condi- tions spéciales, et fournit d'autres connaissances de la classe des con- cepts ou de celle des affirmations. Combinant alors ces connaissances avec d'autres, elle en produit encore de nouvelles. En dernier résul- tat, elle forme une idée exacte des choses existantes selon leurs es- pèces , leurs classes et leurs causes premières et secondaires. C'est ainsi qu'au moyen de la réflexion elle (l'âme) parvient à compléter sa nature et à devenir une intelligence pure et un esprit perceptif. C'est là ce qu'on appelle la réalisation de cette qualité qu'on nomme humanité'.

' Je crois que l'auteur veut désigner par le traducteur turc me paraît avoir sui- ces mots l'enchaînement des causes et des vie. effets el le rapport des mots aux idées. ^ Littéral. « la réalité de l'humanité. « 

" Pour yL^I, je lis »yi.£=»l, leçon que

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