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D'IBN KHALDOUN. 417

tremblements de notes ni de la mélodie (proprement dite), mais de la beauté de la voix (d'un certain homme), de la manière dont il s'ac- quittait de la lecture (du Coran), du distinct emploi qu'il faisait des organes de la bouche pour articuler les lettres, et de la netteté de son énonciation.

Ayant indiqué en quoi consiste le chanta nous dirons qu'il se pro- duit assez tard dans toute société civilisée : il faut que^ la population soit devenue très-nombreuse, et qu'après être sortie de l'état pen- dant lequel elle ne cherchait que l'indispensable , elle passe par celui où elle essaye de satisfaire aux besoins qu'elle s'est créés, et qu'elle entre définitivement dans un état d'aisance parfaite, dont elle tâche de jouir de toutes les manières. C'est alors seulement que l'art du chant prend naissance, car^ personne ne le recherche, à moins d'être libre de tous les soucis causés par la nécessité de pourvoir à ses besoins, à sa subsistance, à son logenjent, etc. Il n'y a que les gens tout à fait désœuvrés qui désirent en jouir, afin de multiplier leurs plaisirs.

Avant la promulgation de l'islamisme, l'art du chant était très- répandu dans toutes les villes et toutes les métropoles des royaumes étrangers. Les souverains eux-mêmes s'y étaient appliqués et s'en .montraient très-engoués. Cela fut porté à un tel point que les rois de Perse témoignaient une grande considération aux personnes qui cultivaient cet art et les recevaient à leur cour. Ils leur permettaient d'assister à leurs assemblées et^réunions, et d'y chanter. Tel est en- core le cas aujourd'hui chez les peuples étrangers de tous les pays et de tous les empires.

Les Arabes n'avaient d'abord (en fait de musique) que l'art des vers.

mieux connu sous le nom d'Abou Mouça biographique des Compagnons de Mohani-

el-'Acbâri (voy. ia i" partie, p. Ai6, 449). ™^'^ ^* leurs disciples, intitulé Sier es-Se-

réciterie Coran à haute voix. Cette tradi- /e/1 manuscrit de la Bibliothèque impériale,

tion est indiquée dans le Mishkat el-Mesa- supplément arabe, n° 698, fol. 91 v". .6iA, traduit en anglais par le capitaine Mat- ' Pour tJL, lisez JU.

thews, et on la retrouve, sous trois formes * Pour ^\ , lisez fJI.

presque identiques, dans un Dictionnaire ' Pour L^ùf, lisez ojûf.

Prolégomènes. — 11. 53

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