Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome II.djvu/370

Cette page n’a pas encore été corrigée

362 PROLÉGOMÈNES

rirac, de la Syrie et de l'Egypte, qui, ayant subi la domination de plusieurs dynasties, dont chacune dura très-longtemps, ont conservé un haut degré de civilisation, si ce qu'on nous rapporte à ce sujet est vrai.

Les arts, en Espagne, arrivèrent tous à la perfection, grâce à l'at- tention qu'on avait mise à les améliorer et à les soigner; aussi ces arts ont-ils donné à la civilisation espagnole une teinture si persis- tante qu'elle ne disparaîtra qu'avec elle'. C'est ainsi que le teint d'une étoffe, quand il a bien pris, subsiste tant que dure cette étoffe.

Tunis ressemble aux villes espagnoles sous ce point de vue; la ci- vilisation y avait fait de grands progrès sous la dynastie des Sanhadja (Zîrides) et ensuite sous celle des Almohades (Hafsides), el les arts de tout genre y avaient atteint un haut degré de perfection. Cette ville était cependant restée, sous .ce rapport, dans un état d'infériorité, si on la compare avec les villes espagnoles; mais la proximité^ de l'Egypte el le grand nombre de voyageurs qui passent, chaque année, entre ce pays et la Mauritanie, ont eu pour résultat l'introduction d'une foule de pratiques manuelles qui ont servi à augmenter beaucoup le nombre des arts qui existaient déjà dans cette ville. Des Tunisiens demeurent quelquefois au Caire pendant plusieurs années, et, à leur retour, ils en rapportent des habitudes du luxe égyptien el la con- P. 3ji. naissance des arts de l'Orient, connaissance qui leur procure une haute considération. De là il résulte que, sous le rapport des arts, Tunis ressemble au Caire. Elle ressemble aussi aux villes espagnoles, parce que la plupart de ses habitants descendent de natifs de l'Es- pagne orientale qui étaient venus s'y réfugier lors de la grande émi- gration qui eut lieu dans le vu" siècle '. Les arts se sont maintenus de cette manière à Tunis, bien que cette ville ne soit pas dans un état de prospérité qui puisse justifier leur existence; mais, une fois qu'une teinture a bien pris dans une étoffe , elle n'en disparaît presque ja- mais, à moins que cette étoffe ne soit anéantie.

' Pour joJiaXj, lisez joiuio. ' Voyez page aS de celte partie.

' Après *sLw.Af, insérez U*^à-o.

�� �